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24/02/2016

Catholicisme"minoritaire" ? L'analyse de Jean Duchêne

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         Pour dépasser l'aspect sociologique du problème :


 

Jean Duchesne:

Le catholicisme minoritaire ? Un oxymore à la mode 

(DDB, 130 pages, 12 €)

 

 

Ce sont dix-huit analyses : de courts chapitres qui abordent, chacun, l'une des questions qui se cachent sous l'expression devenue banale de "catholicisme minoritaire".

 

Avant d'aborder le contenu du livre, quelques réflexions personnelles : 

1. Que veut dire « minoritaire » en France dans l'usage courant ? C'est ambigu... Si l'on parle de la majorité des catholiques sondés qui se déclarent « non pratiquants », on peut s'interroger sur une foi catholique qui ne sentirait pas le besoin (vital) de recevoir et de donner l'eucharistie. Dieu seul peut évaluer la foi ; mais une partie des églises sont quasi-vides et les séminaires loin d'être pleins [1]. Sous cet angle, on peut dire qu'en France le catholicisme croyant est objectivement « minoritaire » : voire très minoritaire... Mais on peut ajouter que cette position donne à chaque catholique un devoir nouveau : ne plus se croire « chez lui », ne plus se comporter en consommateur spirituel, et répondre à l'appel du pape François en devenant apôtre ! Cette métamorphose serait la seule façon chrétienne de sortir de l'impasse : par la régénération (ressourcement) du catholicisme européen, ce qui exige de nous une « révolution culturelle courageuse » comme dit Laudato Si'.

2. Mais il y a souvent ambiguité sur l'adjectif « minoritaire ». Il peut déraper dans un sens incompatible avec la foi. Ce dérapage consiste à dire que : a) l'ensemble des « minorités » constituant la « diversité », celle-ci devient la justification exclusive (désormais) du « vivre-ensemble » ; b) la « diversité » postule le relativisme ; c) le relativisme devient la norme légale, imposée à tout « citoyen » au for externe donc aussi au for interne [2]. Ainsi nous n'aurions plus le droit de penser que notre foi – étant surnaturellement vraie – a une vocation universelle qui nous pousse au témoignage. Dans cette logique, la foi deviendrait donc illicite en public et suspecte en privé... Voilà le dérapage  : de son sens naturel (la cohabitation des cultures et des religions), la notion de minorité dans la diversité glisserait vers un sens artificieux, qui pourrait finir par frôler l'abus de la part des pouvoirs publics.

Ce débat est grave. Plus aigu en France qu'ailleurs, mais porté dans tout l'hémisphère Nord par le néolibéralisme [3], il concerne l'avenir du catholicisme croyant et les conditions de la nouvelle évangélisation.

 

D'où l'opportunité du livre de Jean Duchesne, qui éclaire en profondeur les termes de ce débat :

1. L'auteur met en garde les catholiques français contre une fausse conception de la position de minorité  : un « recul dans l'insignifiance », qui mènerait « à estimer sain(t) de se retrouver dans un ghetto culturel ». Plus on serait «  incompris, impuissant et pauvre », mieux on pourrait se dire « qu'en dépit des apparences tout va bien ». J'y vois quant à moi une inversion de la religiosité bourgeoise : hier on se dispensait d'évangéliser puisqu'on se croyait la majorité ; aujourd'hui on se dispensera d'évangéliser puisqu'on sera le catho-club. « Ce qui peut et doit scandaliser », écrit Jean Duchesne, « c'est l'attitude – qu'elle soit délibérée ou inconsciente – de baptisés qui enferment Dieu, sans l'écouter davantage, dans un système qui leur convient (ou qu'ils rejettent, peu importe). Cela s'appelle le péché... Dieu est non pas ignoré, comme chez les ''païens'', mais défiguré. » Les érudits appelleront ça « contre-culture », d'autres parleront de « France bien élevée »...

2. Il ne suffit pas d'être une minorité pour qu'elle soit « créative », soulignait Benoît XVI en 2009 : il y faut l'ouverture et l'élan qu'insuffle François. Duchesne écrit :  « L'adhésion de foi ne se résume pas à l'appartenance à une institution. Ce n'est pas une absorption complète dans un ensemble clos [4]... C'est simplement le lieu de connexion à la source vive d'une dynamique libératrice, prête à tout irriguer – ce qui ne veut pas dire annexer. »

3. Jean Duchesne a une formule très forte pour synthétiser le sujet : « Le catholicisme minoritaire est un universalisme marginalisé. » Qu'il soit minoritaire dans les pays riches est une donnée sociologique (que seuls les intégristes refusent de voir) ; mais de là à oublier la vocation universelle du christianisme et à dissoudre la foi, il y a un seuil, que certains franchissent pour leur plus grand confort moral. D'autres commettent l'erreur inverse : celle du fidéisme ; pour esquiver le catholicisme « social » ils se proclament « catholiques un point c'est tout », posture de belle apparence mais pas très catholique, explique Jean Duchesne : « On n'est pas ''catholique, point'', mais ''catholique, et...'' bien des choses. Il n'y a pas que la famille et le métier. Ce peut être la participation à un tas d'activités associatives, de loisir, culturelles, etc... La foi rend disponible tout en aiguisant le sens critique inhérent à la liberté. »

4. Encore faut-il étudier les véritables raisons – sociétales et largement économiques – pour lesquelles le catholicisme est « marginalisé » sous nos latitudes ! Pourquoi l'Occident a-t-il désormais « le monopole de l'areligiosité et de la ''modernité'' », demande Jean Duchesne ? Voilà une question à laquelle il faudrait éveiller la droite-fière-de-ses-valeurs : celles des bons paroissiens sarkozystes travaillant dans la finance... La marginalisation du religieux n'est qu'un « aspect » d'une société « où chacun peut davantage faire ce dont il a subjectivement envie mais non objectivement besoin », dit Jean Duchesne : diagnostic exact du consumérisme économique et de son formatage des comportements, dont le relativisme est l'un des prérequis.

5. Dans ce formatage, le rôle vedette est dévolu à la technique – a.k.a. « technology » – qui « dispense de penser », souligne Jean Duchesne : on fait croire à nos contemporains que la technique c'est la science ; en réalité la technique c'est le business, qui « exploite la science ». La technique « réduit l'homme à du disponible – d'abord et surtout à elle-même, comme utilisateur dépendant, et le cas échéant comme matériau – tout en lui donnant l'illusion de la maîtrise. » La technique donne l'illusion de libérer l'individu ; « ces solutions présumées libératrices créent des problèmes inédits qu'elles ne permettent pas de résoudre. Et elles camouflent les présupposés qu'elles impliquent aussi bien que les conséquences qu'elles peuvent avoir... » Jean Duchesne recoupe ici la pensée du pape François dans Laudato Si'.

6. Encore faut-il, par ailleurs, comprendre que la « sécularisation » induisant cette marginalisation est elle-même minoritaire dans le monde, et que « les résistances à la sécularisation occidentale sont bien plus nombreuses et variées [que l'islam]... » Le microcosme parisien se persuade que la « sécularisation » est l'horizon indépassable de l'humanité : mais « sur ces questions l'Occident est minoritaire à l'échelle planétaire, et en son sein les chrétiens effrayés de paraître localement minoritaires ne s'avisent pas qu'ils sont dans la majorité de l'humanité. »

7. Jean Duchesne montre comment la perspective chrétienne catholique (qui n'est pas celle du relativisme sociétal) dépasse l'idée de « minorité ». Les « minorités » oscillent entre le repli sur soi et le prosélytisme agressif. La démarche catholique, au contraire, est « une originalité paradoxale » : elle consiste « non pas à tenir une position séparée proclamée meilleure mais à être motivation de recherches, et ouverture à celles qui, dans le cadre de l'autonomie du créé, n'ont pas besoin d'une relation explicite à Dieu » [5] ; « en même temps, elle donne de résister à toute systématisation totalitaire ou à courte vue. »

J'apprécie encore plus particulièrement les pages 94-95, où Jean Duchesne explique que le chrétien ne peut pas se croire « marginalisé par une hostilité universelle » puisque des courants nouveaux – hors du christianisme – découvrent que la condition humaine repose sur la réception d'un « donné » (et non sur une auto-fabrication comme le prétend le postmoderne). La foi chrétienne aussi est « réception d'un donné » : il y a donc convergence entre la démarche de foi et le réalisme anthropologique, et il ne tient qu'à nous d'en tirer parti. « La notion de donné est un atout pour la énième évangélisation, l'apologétique et simplement le dialogue indispensable pour que les choix soient pensés et pesés », observe Duchesne ; ce qui situe avec précision le rôle des catholiques sur la scène publique.

 

Les analyses de Jean Duchesne feront du bien à ceux qui s'inquiètent au point de perdre l'instinct vital catholique : le sensum fidei et le sentire cum Ecclesia. Ils ne s'en rendent pas compte (parce qu'ils sont infestés de réflexes de club), mais ils sont atteints d'une « compréhension très partielle de l'adhésion de foi, qui se concentre sur la liberté reçue et sur son respect individuel. L'accent est mis sur la réponse, en oubliant l'appel qu'elle présuppose... » [6]. Mais, conclut Jean Duchesne, « au bout du compte être majoritaire ou pas n'a d'importance que relative et passagère... Ce n'est pas l'élite d'une petite confrérie cooptée [que le Père] oeuvre sans cesse à rassembler, mais une fraternité à sa mesure infinie. »

Les inquiets ne formant qu'une minorité (si j'ose dire), ce livre – notamment dans ses aperçus fulgurants sur le dynamisme de la foi chrétienne – sera non moins utile à tous les autres. Souhaitons spécialement le voir dans les mains de la jeunesse catholique française !

 

_______________

[1] Y compris dans des « diocèses préservés » : ce qui laisse songeur quant au « réveil des cathos », annoncé par les médias pour des raisons éloignées du spirituel.

[2] « La foi qui n'agit pas, est-ce une foi sincère ? »

[3] cf. aux USA les analyses pénétrantes de Patrick J. Deneen, que je cite dans La révolution du pape François.

[4] Jean Duchesne : « Une Eglise de purs se marginalise automatiquement. Il ne s'agit pas de verser dans le laxisme, mais de faire sentir, par exemple, à celles et ceux qui savent n'être pas en état de communier à la messe, qu'ils ne sont pas dans une situation irrégulière ou de rupture. Ce sont eux qui sont ''normaux'' ! » (p. 89).

[5] Ainsi la fameuse réponse de l'astronome Laplace. Elle ne choque que les catholiques intégristes (qui comprennent mal le catholicisme)... Voici l'histoire réelle de la conversation entre l'astronome et le Premier Consul, reconstituée en 1884 par Hervé Faye dans son livre Sur l'origine du monde :

<< Comme le citoyen Laplace présentait au général Bonaparte la première édition de son Exposition du Système du monde, le général lui dit : “Newton a parlé de Dieu dans son livre. J'ai déjà parcouru le vôtre et je n'y ai pas trouvé ce nom une seule fois.” À quoi Laplace aurait répondu : “Citoyen premier Consul, je n'ai pas eu besoin de cette hypothèse.” Dans ces termes, Laplace aurait traité Dieu d'hypothèse... Mais Laplace n'a jamais dit cela. Voici, je crois, la vérité. Newton, croyant que les perturbations séculaires dont il avait ébauché la théorie finiraient à la longue par détruire le système solaire, a dit quelque part que Dieu était obligé d'intervenir de temps en temps pour remédier au mal et remettre en quelque sorte ce système sur ses pieds. C'était là une pure supposition suggérée à Newton par une vue incomplète des conditions de stabilité de notre petit monde. La science n'était pas assez avancée à cette époque pour mettre ces conditions en évidence. Mais Laplace, qui les avait découvertes par une analyse profonde, a pu et dû répondre au premier Consul que Newton avait, à tort, invoqué l’intervention de Dieu pour raccommoder de temps en temps la machine du monde, et que lui Laplace n'avait pas eu besoin d'une telle supposition. »le débat ne portait pas sur l’existence de Dieu, mais sur la nécessité de son intervention directe et spéciale pour maintenir le monde dans l’ordre. Pour Newton, une intervention divine était nécessaire pour remettre régulièrement en ordre le système solaire. Laplace cite la critique de Leibniz : « C'est avoir des idées bien étroites de la sagesse et de la puissance de Dieu. » Laplace citait le mot de Newton : « Cet admirable arrangement du soleil, des planètes et des comètes ne peut être que l'ouvrage d'un être intelligent et tout-puissant. » Et le commentait ainsi : « Pensée dans laquelle il se serait encore plus confirmé, s'il avait connu ce que nous avons démontré, savoir que les conditions de l'arrangement des planètes et des satellites, sont précisément celles qui en assurent la stabilité. » Laplace n'était pas athée. Le chimiste Dumas, son ami intime, disait de lui : « Il a fourni aux matérialistes leurs plus spécieux arguments sans partager leurs convictions. » Il écrit à son fils, le 17 juin 1809 : « Je prie Dieu qu'il veille sur tes jours. Aie-Le toujours présent à ta pensée, ainsi que ton père et ta mère. » Laplace mourut en chrétien, entouré de deux prêtres catholiques, après avoir reçu les derniers sacrements de l'Église. >>  (Source : wikipedia, Laplace). 

[5] Voir le passage de Maritain que signalait notre note d'hier, sur le même sujet.

[6] C'est le bug mental des sites « réacs » et catho-libéraux... (Ceux qui persuadent le lecteur que l'Homme Nouveau de saint Paul, c'est le Vieil Homme à condition qu'il ait mis un autocollant catho sur le pare-chocs de son 4x4).

 

Jean Duchesne est professeur de chaire supérieure (anglais), cofondateur de l’édition francophone de la revue catholique internationale Communio, exécuteur littéraire du cardinal Lustiger et du P. Louis Bouyer, membre de l’Académie catholique de France et de l’Observatoire Foi et Culture de la Conférence épiscopale française. Il a publié notamment Histoire sainte et Histoire de Jésus et de ses apôtres racontées à mes petits-enfants (Parole et Silence), Incurable romantisme ? (collection « Communio », Parole et Silence) et Histoire de l’Église racontée à mes petits-enfants et à leurs parents (CLD). Il coordonne le comité de rédaction des Questions de fond du site Aleteia.

 

 

 

Commentaires

"ON PEUT S'INTERROGER SUR UNE FOI CATHOLIQUE QUI ..."

> En ce qui me concerne, plus je m'interroge sur les rapports entre foi et pratique, plus je suis sensibilisé et touché par la diversité des "chambres" promises par Jésus dans la "maison de son Père".
Comment ne pas voir la "patte" du Christ derrière ces exemples nombreux et quotidiens de personnes qui se disent athées ou agnostiques et qui agissent plus chrétiennement que nous-même ?
Jean Claude Guillebaud, à la suite du Père Teilhard de Chardin, prophétise l'inexorable cheminement de l'humanité vers le Christ, point "Oméga".
J'ai le sentiment que nous pouvons en vivre tous les jours les signes, que le catholicisme soit "minoritaire" ou non ...

PH94


[ PP à PH
- Croyez-vous que participer à l'eucharistie soit une chose secondaire, comme "en option" ? Ce n'était pas l'avis des chrétiens des premiers siècles...
- Le mot "inexorable" est inquiétant. Si le salut était "inexorable", où serait le rôle de la foi et de la liberté de la créature ? ]

réponse au commentaire

Écrit par : PH94 / | 25/02/2016

LA RÉCONCILIATION

"Il y a moins de prêtres, mais quand on veut communier, on y arrive."
Vous oubliez l'autre pilier : le sacrement de réconciliation. Cela demande bien plus de temps que le geste de communion. C'est pourtant crucial pour entretenir sa vie de foi, pour progresser sur le chemin de la sainteté.
______

Écrit par : Bernadette / | 25/02/2016

TEILHARD

> à PH94 et PP
Teilhard : grand spirituel (lire ses écrits dans ce domaine).
Mais théologien discuté. Moins d'ailleurs pour sa pensée en soi que pour ce que les "teilhardiens" en ont fait : un véhicule à Moteur, pour s'éloigner de l'aspect "combat spirituel"
du christianisme puisque le salut de l'humanité se fait tout seul par le "global" !
Ce n'est tout de même pas ce que Teilhard pensait.
Mais c'est cela que les "teilhardiens" ont voulu comprendre.
Leur trop grande vision a produit le trop petit mini-christianisme français des années 1970, "libéré" du Credo, des sacrements et de toute préoccupation d'ascèse. Un postchristianisme bien confortable sans obligation ni sanction, compatible avec n'importe quelle façon de conduire nos pulsions ou nous laisser conduire par elles.
C'est aussi là qu'on peut trouver une des raisons de la désertification des églises par des "catholiques non pratiquants" qui ne savent plus qui ils sont ni Qui est Jésus.
______

Écrit par : LBCP / | 25/02/2016

TEILHARD

> Salut en Christ,
En effet,Pierre Teilhard de Chardin est sans conteste un maître spirituel et il n'y a pas de "teilhardisme", mais une immense perspective que Teilhard nous fait découvrir et qui s'impose à ceux qui savent affûter leur vue, bien mettre au point et voir. Il n'y a bien entendu rien de "bien confortable" dans tout cela, mais un défi à relever qui rend l'Eucharistie, notre adoration et notre combat spirituel encore plus indicibles...
Pierre Teilhard de Chardin, c'est un saint Paul de notre époque, un saint Paul pour notre époque, qui sait parler du Christ à l'Homme contemporain qui aspire au plus profond de son désir à "être plus", non à "avoir plus"! Pierre Teilhard de Chardin, devant la perspective agrandie d'un Univers infini, d'un espace-temps en évolution et auquel nous appartenons, a tout simplement replacé le Christ pour le regard de l'Homme de notre temps, au sommet de la Création; seule perspective chrétienne par excellence, toujours la même depuis saint Paul, mais donnée à l'Homme d'aujourd'hui.
______

Écrit par : Pierronne la Bretonne / | 25/02/2016

1 %

> Lorsque je regarde la population dans les églises le dimanche, et que je la compare à la population du village (ou de la ville), je trouve en moyenne ... 1% de la population.
En ayant vu différents lieu, département, ce ratio semble assez stable.
Si cela ce n'est pas être minoritaire !
Mais bon, être minoritaire n'a jamais empêché l’Église de progresser dans le monde : regardez l’Église du 1° et 2° siècle dans l'Empire Romain (en plus il y avait les persécutions), ou l’Église en Chine ou en Inde (et encore aujourd'hui).
PS : si l'on regarde froidement les chiffres, il y a (pour moi) plus de chrétiens (aussi bien en pourcentage qu'en nombre absolu) en Inde ou en Chine qu'en France.
Pour ce qui est de l'avenir du christianisme en France, je vous invite à lire le tome 2 des colloques de Marcel Van.
Cdt,
______

Écrit par : bergil / | 25/02/2016

LES AUTRES

Avez-vous connaissance d'exemples de remises en question, de questionnements de ce type, monnaie courante dans le catholicisme, au sein des autres confessions chrétiennes : orthodoxes et protestants ? Quid de l'islam et du judaïsme, de plus en plus "communautariste" au demeurant ?

TM


[ PP à TM - S'aligner sur les autres religions serait renoncer à croire au Christ. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Thomas Mousset / | 26/02/2016

PH94 A PP

> Loin de moi l'idée que l'Eucharistie soit "secondaire".
Je n'emploie d'ailleurs pas se terme.
C'est un don et une grâce fait à tout ceux qui la vivent en vérité.
Pour autant, notre relation avec le Christ ne se réduit pas à notre pratique. Le Christ a suffisamment stigmatisé les pratiques des pharisiens dans l'Evangile pour nous en mettre en garde.
Sur le terme "inexorable", il est vrai que le débat est légitime. Le Christ ne nous impose pas son Salut sans un minimum d'acceptation de notre part. Celà étant, je n'oublie pas que le Christ a vaincu par sa mort et sa résurrection, le péché et la mort une fois pour toute. Il me semble que le "point Oméga" prophétisé par Teilhard de Chardin, est une expression de cette victoire définitive, même si nous devons encore affronter la mort et le mal avant la Parousie.

PH94


[ PP à PH - La mode des années 1970-1980 était de crier à la "réduction aux pratiques" dès que quelqu'un rappelait le caractère central de l'eucharistie, Vie Eternelle ici et maintenant... Cette mode est heureusement défunte. ]

réponse au commentaire

Écrit par : PH94 / | 26/02/2016

à Nicolas:

> "la difficulté ne vient elle pas de notre incapacité à concilier l'idée d'une Eglise parfaite de toute éternité car corps mystique du Christ (le ressuscité ne meurt plus, dit saint Paul) avec l'exigence de perfectionnement continuel qu'est la vie chrétienne..."
Une Eglise sainte, pas parfaite. Ce n'est pas la même chose. Les cathares cherchaient la perfection, les chrétiens, la sainteté.
______

Écrit par : VF / | 26/02/2016

à Nicolas:

> alors qu'est-ce qu'être saint ?
______

Écrit par : VF / | 28/02/2016

QUESTION

> S'aligner ? Non ! Je repose donc ma question d'ordre oecuménique, au moins pour les orthodoxes et les protestants. Font-ils, eux aussi, ce travail d'auto-critique, si oui dans quelle mesure ?

TM


[ PP à TM - C'est une question de conscience à leur poser directement : les catholiques ne peuvent pas en juger. ]

réponse au commentaire

Écrit par : Thomas Mousset / | 28/02/2016

@ Nicolas

> "Mais si l'Eglise corps mystique n'est pas parfaite, à quoi sert de vouloir être saint?"
La question n'est pas "à quoi ça sert", mais pourquoi?
Et la réponse, l'unique, est:
- par Amour !
C'est pourquoi le vouloir dont il est question ici est aux antipodes du volontarisme qui fit les Spartiates et autres héros sévères, il est mouvement irrésistible du coeur: comment faire autrement que rendre amour pour amour? C'est un lâcher des écluses du coeur, jusqu'à l'éclatement de l'étroit ego, au contraire d'un resserrement des lèvres et d'une contraction musculaire pour "brider" la bête, qui gonfle de suffisance le parfait.
Pierre a-t-il cessé d'être lâche à la fin de sa vie, pour rentrer dans les clous de la sainteté? Personnellement je ne crois pas qu'il ait fondamentalement changé de caractère, sa lâcheté-sa croix, mais aussi et d'abord ce lieu de la miséricorde qui a bouleversé à jamais sa vie. Il a alors laissé un autre le mener où lui-même n'avait pas la force, sa lâcheté emportée par le mouvement irrépressible de l'amour.
L'Eglise aussi est sainte parce qu'aimée de Dieu, Corps du Christ dont les blessures donnent la guérison, elle n'est pas parfaite au sens de l'esthétique grecque ou contemporaine, non plus au sens de nos morales humaines.
Il n'y a pas d'oecuménisme du donnant/donnant. On n'est pas dans des négociations. Nos divisions disparaitront d'elles-mêmes dans le brasier de l'Amour, et comme l'Eglise Sainte a hâte !
______

Écrit par : Anne Josnin / | 29/02/2016

A Anne,

> vous me volez mon argumentaire..bisque rage... ;-)
Ceci dit, cher Nicolas, je souscris entièrement à ce que dit Anne (je contemple souvent les failles de Pierre et Paul et de tant d'autres saints). Etre saint, c'est être uni a Dieu dans son Amour. C'est lui qui nous relève. Votre citation est vraie mais la fin est, à mon avis, inadéquate. C'est l'Amour de Dieu la sainteté. C'est être inondé, relevé, guéri, reconstruit par son Amour qui est don gratuit infini et absolu, qui est tendresse et embrasement, qui est délicatesse et force...le jour où j'ai réalisé que Dieu m'aime moi, après avoir contemplé ce que je suis en vérité, je n'ai pu que tomber à genoux et pleurer. Je ne me suis pas dit:" j'ai rencontré la perfection" je me suis dis:"j'ai trouvé l'Amour, l'âme de toute vie".
Le problème de l'idée de perfection (qui, Anne me détrompera, vient si je me souviens bien du discours de Descartes) est qu'elle est rationnelle, mécanique, froide et imparable. Elle n'est pas vivante, elle ne ressent rien. Le Christ n'est pas pas l'incarnation de la perfection, il est celle de l'Amour. Je ne serais jamais parfait (au sens où vous l'entendez), je suis et resterais pêcheur mais je me sais aimé comme jamais et je sais que je peux aimer.

P.S: Anne, je cogite à votre post sur les selfie et je vais vous répondre dès que je serai plus en forme.
______

Écrit par : Vf / | 01/03/2016

à méditer, cher Nicolas:

> « La perfection ne consiste pas dans des plaisirs intérieurs, elle est l’héritage de celui qui aime le plus ; à lui, la récompense, comme à celui qui agit avec justice et vérité. » (Thérèse d’Avila, Le Château intérieur III 2)
Cf retraite en ligne du Carmel.
En toute fraternité dans le Christ
______

Écrit par : VF / | 01/03/2016

@ VF, Anne, Nicolas

PARFAITS ?

> Je vous renvoie quand même à Mt 5,48 : "Vous serez ("soyez" selon certaines traductions) parfaits comme votre père céleste est parfait.
Le mot grec utilisé, il me semble (je peux me tromper) est téléos, ce qui a donné la téléologie : c'est parfait non pas au sens de "infaillible", "sans tache", mais au sens de "accompli", "abouti", "achevé".
Et en fonction du sens que l'on donne à ce mot (à risque en effet depuis au moins l'hérésie cathare), le risque existe de tomber dans le volontarisme.
______

Écrit par : Charles-Marie / | 02/03/2016

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